Confiné avec votre chat: comment vous comporter avec lui?
- 15 avril 2020
- Dans : Les chats et nous
La période que nous traversons actuellement ne ressemble à rien de connu, ni pour nous, ni pour nos animaux-compagnons qui la vivent à nos côtés. Après déjà quelques semaines de confinement, et encore pour des semaines sans doute, il est utile de nous pencher sur la manière dont cette situation exceptionnelle peut impacter nos cohabitations chat-humain. Pour pouvoir faire au mieux au quotidien d’abord, et aussi pour préparer l’après, même s’il nous semble encore fort lointain et incertain.
Des avantages au confinement ?
Sous le prisme de cette promiscuité accrue avec nos chats, il pourrait bien de prime abord sembler y avoir des avantages à notre présence quasi permanente à notre domicile, pour eux comme pour nous. Pour nous, c’est facile à envisager : la science a déjà largement démontré que la présence de nos félins, et nos interactions avec eux augmentent notre bien-être, nous rassurent, nous détendent, et nous rendent plus optimistes. De notre point de vue, confinement peut rimer avec plus de câlins avec une boule de poils ronronnante, plus de bisous dans ce pelage doux et duveteux qu’on adore, plus de séances de jeu au plumeau qui nous servent au passage de séance de cardio. Sans compter le spectacle irrésistible de nos chats – papattes en rond, quatre fers en l’air, museaux endormis etc – qui se déroule en permanence sous nos yeux, et dont on ne risque pas de se lasser. Bref nous aimons nos chats, alors être tout le temps avec eux peut être un ravissement, si tant est que la cohabitation et la relation se déroulaient bien au préalable.
Pour beaucoup de chats aussi, en particulier ceux qui ne sortent jamais, avoir en permanence leur humain à la maison est un cadeau qui peut leur changer la vie. Je pense à tout ces petits félins qui restent seuls 8 ou 10 heures par jour en appartement, (et même parfois plus), et pour qui la journée semble bien longue en temps normal. Bien sûr que depuis le mois de mars, avoir du jeu, de l’attention, de la présence et des interactions bien plus nombreuses est pour eux un sacré bienfait. Car même pour un chat qui a l’habitude de rester seul, s’inhiber pendant des heures en attendant que quelqu’un rentre enfin peut être une adaptation assez coûteuse.
Bon, tout cela est parfait, positif et on s’en réjouit. Il y a néanmoins quelques écueils à éviter, si l’on veut que les choses continuent à bien se passer, maintenant et plus tard. Car à vivre en continu les uns sur les autres, il y a un risque de sur-sollicitation envers nos chats, qui peut avoir des conséquences négatives, et opposées.
Les conséquences négatives
Nos chats nous font craquer, c’est un fait. Et si on se laisse aller, on pourrait bien devenir pénible (si ce n’est pas déjà le cas), à tout le temps vouloir les caresser, les tripoter, les cajoler, les embrasser, voir les saisir. C’est déjà délicat en temps normal, et si en période de confinement l’on compte le nombre de fois où l’ont touche son chat dans la journée, que ce soit pour les câlins officiels ou les contacts machinaux et automatiques, ce nombre peut vite dépasser la centaine. Même si votre chat vous apprécie, c’est beaucoup trop. Et cela peut avoir deux types de conséquences.
D’une part, la mise à distance : votre chat n’en peux plus et tente de vous le faire savoir, d’abord avec des signaux de retrait, de tension, et si vous n’en tenez pas compte, avec des réponses agressives pour vous faire cesser. A l’inverse, un chat qui a déjà tendance à la dépendance peut rentrer dans un cycle et une demande croissants. Lui aussi vous sollicite alors beaucoup, et à deux vous partez dans un cercle vicieux des échanges permanents (contacts physiques mais aussi vocaux et visuels). Votre chat risque de le payer cher à la fin du confinement : quand vous ne serez plus présent.e, ou plus disponible, sa frustration et sa détresse peuvent être importantes.
Alors comment faire ?
Eh bien être raisonnable pour deux : pour vous, et pour Minet. Car c’est bien vous qui donnez le « la » de la relation et des conditions de vie de votre petit compagnon : ses comportements sont sa réponse à tout cela. Cela veut dire qu’il faut essayer de garder un peu de recul, ne pas se laisser complètement aller dans la pente du robinet à câlins et respecter ses signaux. Essayez de prendre un peu sur vous, si vous le pouvez, pour ne pas le déranger sans cesse, cela l’aidera à conserver une autonomie bénéfique pour lui.
Souvent, quand on envahit notre animal, on le sait, mais on le fait parfois quand même, parce que nous, on en a envie. Essayez de vous mettre à sa place pour une fois, et limitez vos sollicitations, même pour un chat qui est est friand, ou en demande, car la tendresse la mieux intentionnée peut parfois aliéner l’autre. Ne le touchez jamais pendant son sommeil, et de manière générale proposez au lieu de disposer : mettez-vous accroupi, tendez la main plus bas que son visage, et selon ce que vous montrera Minet, poursuivez ou non l’interaction. S’il vient se frotter, tend le cou en ronronnant tranquillement pour aller à la rencontre de votre caresse, c’est oui. S’il ne vient pas, se détourne, vous lèche la main si vous insistez, c’est non. S’il doit vous mordre pour vous faire cesser, c’est que vous êtes allé trop loin.
Vous serez peut-être un peu frustrés, car si on demande au chat son avis et qu’on en tient compte, les interactions peuvent être moins nombreuses. Mais vous aurez la satisfaction de savoir qu’elles sont réciproquement désirées et que vous ne pesez pas sur votre chat, ce qui est déjà un problème en temps normal, et encore plus lorsqu’on est ensemble 24h sur 24.
Et enfin, pour les cohabitations moins harmonieuses où des difficultés pré-existaient (pipis hors litières, conduites agressives, miaulements insistants, bagarres entre chats…), le confinement peut agir comme un catalyseur sur un quotidien déjà tendu. Beaucoup de comportementalistes poursuivent actuellement leur activité professionnelle de consultations en visio, n’hésitez pas à demander de l’aide à l’un.e d’entre nous.
Sonia Paeleman, comportementaliste spécialiste du chat
Auteure du livre « Bien comprendre votre chat – Les secrets d’une comportementaliste », Editions de l’Opportun